Enseignement supérieur : lieu de reproduction des dominations

S’il est de plus en plus admis aujourd’hui que les rapports de domination et d’oppression structurent la société, entre sexisme, racisme, classisme… certains lieux peuvent donner à croire qu’ils en sont exempts. Le monde de l’éducation, pendant longtemps, a bénéficié de cet a priori. Plus encore, l’enseignement est considéré comme l’une des clés principales pour résoudre le problème. Pourtant, une récente étude menée en Belgique a révélé que 56% des étudiant·e·s, doctorant·e·s et membres du personnel ont été victimes de harcèlement moral de la part d’une autre personne de leur établissement depuis leur arrivée dans l’enseignement supérieur ; 29,7% de violences sexistes et sexuelles. Des chiffres qui donnent à penser que le problème pourrait bel et bien être structurel.

Enjeux climatiques et environnementaux : transformer l’université, révolutionner le travail

À l'heure actuelle, la majorité des étudiant·e·s de l'enseignement supérieur ne reçoivent aucun cours abordant la question climatique ou la durabilité environnementale. Un état de fait qui contraste avec l'urgence de la crise, la vague d'éco-anxiété qui touche particulièrement les jeunes et les démissions de jeunes diplômé·e·s qui ont refusé d'être complices d’entreprises et multinationales néfastes pour l’environnement. Alors, l'université doit-elle se réinventer pour outiller les citoyen·ne·s face aux dérèglements climatiques et aux transformations à venir ? Dans cette analyse, Alix Buron, chargée de projets à la FUCID, explore la question en interrogeant les aspirations des étudiant·e·s, la valeur travail et le rôle de l'enseignement supérieur pour espérer amorcer un virage écologique radical. Un article à retrouver dans notre dernier FOCUS, la revue de la FUCID (2023-2024 "Climat & Rapports de domination") !

ÉTUDE- L’éducation permanente en lutte contre le racisme et la colonialité en Belgique francophone ?

L’histoire coloniale belge est loin de se conjuguer uniquement au passé. Discriminations, débats autour de l’Africa Museum ou des statues coloniales dans l’espace public… L’actualité entourant la mort de George Floyd a elle aussi fait rejaillir la nécessité du combat antiraciste partout dans le monde. Cela dit, les Afrodescendant·e·s belges n’ont pas attendu d’hypothétiques excuses pour la période coloniale et des promesses de politiques concrètes pour organiser les formes de lutte à plusieurs niveaux et à travers de multiples enjeux ! Aujourd’hui en Belgique, le militantisme, l’activisme et les pensées décoloniales se font de plus en plus visibles et n’ont cessé de conscientiser avec une détermination à toutes épreuves. Dans cette étude passionnante, Axel Mudahemuka C. Gossiaux, doctorant au sein du Centre d’Études de l’Ethnicité et des Migrations, revient sur l’histoire coloniale belge, l’émergence du Black Lives Matter, ainsi qu’une série d’initiatives décoloniales, et interroge : décolonisations et éducation permanente sont-ils vecteurs de démocratie culturelle ?

Frédéric Lubansu : théâtre et désaliénation des imaginaires

Frédéric Lubansu est un artiste, plasticien, comédien et metteur en scène d’origine belgo-congolaise. Très actif dans le monde du théâtre et du cinéma en Belgique et en France, il s’attache à questionner la place des Afro-descendant·e·s dans nos sociétés contemporaines. Le théâtre, lieu où subsistent malheureusement encore des discriminations à l’égard des personnes noires, est cependant également, pour Frédéric Lubansu, un outil de désaliénation puissant et un moyen de renforcer le dialogue interculturel. Propos recueillis par Antoine Stasse, chargé de projet à la FUCID.

Faire de l’éducation permanente « universitaire » ?

« Faire de l’éducation permanente « universitaire » ». Voilà une assertion qui s’apparente à de la provocation ! L’éducation permanente et l’enseignement universitaire semblent en effet bien différents : d’un côté, un apprentissage s’appuyant sur l’expérience vécue, en partie déterminée par des rapports de domination, d’un public « populaire » ; de l’autre, une éducation avant tout basée sur la transmission d’une connaissance savante par des experts, à un public destiné à devenir l’« élite » de la société. Pourtant, en s’engageant dans des projets d’éducation permanente, la FUCID a la conviction que faire de l’éducation permanente et populaire sans trahir ni le projet d’éducation permanente ni la spécificité universitaire de l’ONG n’est pas une gageure, mais un beau défi : celui de faire, comme l’appelle Stéphane Leyens, directeur de la FUCID, dans cette analyse, de l’éducation permanente « universitaire »…

Éducation populaire/permanente et ONG universitaire : un pari osé ?

La démarche d’éducation permanente et populaire est transversale à tout projet proposé par la FUCID. En tant qu’ONG universitaire, la tâche peut sembler ardue tant « universitaire » et « éducation permanente et populaire » semblent, à priori, difficilement conciliables. Pourtant, il est possible de tisser des liens entre ces « vieux ennemis » afin de continuer à s’interroger sur le sens de nos actions. A travers cette analyse, Sarah Beaulieu, chargée de projet d’éducation permanente à la FUCID, s’arme ainsi de grilles de lecture (notamment les Modes de Travail Pédagogiques de Marcel Lesne) afin de mieux comprendre comment faire évoluer les pratiques et perspectives pour un meilleur dialogue entre éducation permanente et éducation à la citoyenneté mondiale et solidaire au sein d’une structure universitaire.